TOP 5 des effets délétères de la semaine de 4 jours

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Le passage à la semaine de 4 jours peut avoir des effets négatifs sur l'organisation d'une entreprise. Voyons lesquels.

Alors qu’en Grèce, on repasse à la semaine de 6 jours, certaines entreprises Françaises ont cédé à l’appel de la semaine de 4 jours. De nombreux avantages sont avancés, comme la possibilité de booster la productivité des salariés en contrepartie d’une journée de repos hebdomadaire supplémentaire.

Divers pays européens tels que le Royaume-Uni, la Belgique, l’Espagne, le Portugal ou encore l’Islande ont testé ce dispositif à grande échelle, et son application soulève bien des interrogations.

La semaine de 4 jours est-elle vraiment le Graal annoncé ? N’y a t-il pas des effets délétères autant pour les entreprises que pour leurs équipes ? Nous avons relevé 5 conséquences négatives de la semaine de 4 jours.

1- Comment fonctionne la semaine de travail de 4 jours ?

C’est à la la loi de Robien datant de 1997 que l’on doit les premières expérimentations de ce dispositif. C’est finalement la loi du 13 juin 1998, dite loi « Aubry I », qui a été appliquée. La durée légale hebdomadaire est passée de 35 à 39 heures sur 5 jours de travail par semaine.

Actuellement, l’idée de passer à la semaine de 4 jours revient sur le devant de la scène. Quelles sont les possibilités pour l’employeur ?

Celui-ci peut choisir de réduire le nombre d’heures de travail hebdomadaires à 32 heures au lieu de 35 heures. Dans ce cas, le salarié effectue 8 heures de travail par jour au lieu de 7. L’employeur peut choisir de maintenir la rémunération, ou non.

L’employeur peut également choisir de maintenir la durée hebdomadaire de travail à 35 heures, ce qui augmente la charge journalière à environ 8h45 par jour au lieu de 7h. La rémunération est nécessairement maintenue.

Quelle que soit l’option choisie, un accord collectif doit obligatoirement être signé avec les partenaires sociaux pour pour mettre en place la semaine de 4 jours.

2-Quelles entreprises font la semaine de 4 jours en France ?

Actuellement, seules des TPE, PME et quelques ETI ont expérimenté la semaine de 4 jours. Aucun grand groupe affiche avoir sauté le pas, ou seulement pour des expérimentations isolées.

Une étude ADP de mai 2022 révélait que seulement 19% des entreprises avaient négocié un accord collectif sur le sujet et seulement 5 % avaient effectivement adopté la semaine de 4 jours.

Quelques exemples d’organisations passées à la semaine de 4 jours de travail :

  • Lidl
  • Pimpant
  • Structa
  • Mozoo,
  • Urssaf Picardie
  • Acorus
  • Bizay
  • Elmy
  • MV Group
  • Systemes B
  • LDLC
  • IT Partner
  • Yprema
  • Love Radius

Si la semaine des 4 jours est si bien que cela, alors quels sont les freins rencontrés par les entreprises à l’instauration de la semaine de 4 jours ? Quels sont les inconvénients pour les salariés ?

3- Quels sont les inconvénients de la semaine de 4 jours ?

1- Une complexe réorganisation du travail

La mise en place de la semaine de 4 jours pose de véritables défis organisationnels aux entreprises. Sa généralisation n’irait pas sans heurt.

En effet, la semaine de 4 jours nécessite un redéploiement des missions, une redistribution des tâches entre les salariés, une réorganisation des plannings voire une modification des horaires d’ouverture lorsque l’établissement reçoit du public. Ces changements peuvent s’avérer terriblement complexes.

Ceci est d’autant plus vrai que certaines entreprises doivent rester ouverte à minima 5 jours par semaine. Il est impératif de réorganiser les plannings, les équipes, voire même de recruter du personnel à temps partiel pour compenser le jour de congé supplémentaire hebdomadaire des salariés passés à la semaine de 4 jours.

Pour ne pas perdre en productivité, les entreprises doivent revoir intégralement les processus d’organisation et de production en place, ainsi que les méthodes de management.

Certains employeurs ne voient tout simplement pas comment mettre en place ce dispositif d’aménagement du temps de travail au sein leur organisation. Selon le secteur d’activité, le type de poste (notamment les cadres au forfait) ou encore la taille de l’entreprise, le passage à une semaine de 4 jours entraînerait de trop gros bouleversements, nécessitant des investissements considérables en termes de ressources humaines et financières.

2- Semaine de 4 jours : des coûts supplémentaires

«Travailler un jour de moins par semaine contribuerait à réduire le coût de fonctionnement de l’entreprise et diminuerait le temps de transport des salariés ». Voici un argument fréquemment évoqué en faveur de la semaine de 4 jours.

Or, pour réduire le temps passé dans les transports ou réduire les coûts de fonctionnement, un levier existe déjà : le télétravail. Il permet aux salariés de travailler de chez eux et aux entreprises de ne pas ouvrir les bureaux ce jour-là.

De plus, cet argument ne tient pas si le passage aux 4 jours ne s’accompagne pas d’une réduction de la durée hebdomadaire de travail. En effet, si le jour de congé est compensé par des journées de travail plus longues, aucune diminution de l’énergie utilisée n’est observée puisque les salariés sont présents le même nombre d’heures.

Ensuite, la semaine de 4 jours ne veut pas forcément dire que l’entreprise ferme un jour par semaine. Il peut y avoir un roulement des salariés présents, c’est d’ailleurs l’organisation la plus probable. Dans ce cas, l’entreprise reste ouverte 5 jours dans la semaine, possiblement plus tard le soir, ce qui n’entraîne aucune réduction de l’énergie consommée (chauffage, eau, climatisation, etc.).

Enfin, des recrutements doivent parfois être réalisés pour compenser le jour de repos supplémentaire. Or, ces recrutements entraînent un surcoût non négligeable pour les entreprises concernées.

3- Un risque de journées plus longues et fatigantes pour les salariés

Si certaines entreprises ont fait le choix de diminuer la durée hebdomadaire de travail sans réduction de salaire, il n’est pas dit que toutes les entreprises puissent faire de même. Financièrement, ce choix n’est pas financièrement tenable pour toutes les TPE/PME, ce qui implique de maintenir le même volume horaire hebdomadaire, avec des journées de travail plus longues.

Selon une étude d’Opinion Way, 55% des interrogés pensent que des journées de travail plus longues n’entraîneront pas plus de fatigue. Ils sont même 67% à penser que leur motivation au travail serait renforcée. Cependant, 51 % d’entre eux craignent les défis de réorganisation posés à leurs entreprises.

Or, dans certains secteurs d’activité la charge de travail est incompressible. Si les salariés doivent l’effectuer en moins de temps, il faut craindre une surcharge permanente de travail, et un stress plus élevé pour réussir à terminer leur tâche dans les temps impartis. Si le temps de travail n’est pas réduit, ce sont des journées plus longues qui attendent les salariés.

De plus, cet aménagement du temps de travail ne convient pas à toutes les situations. Certains salariés font déjà des heures supplémentaires et ne peuvent pas effectuer des heures en plus sur 4 jours pour bénéficier d’un jour de repos supplémentaire dans la semaine.

D’ailleurs, selon une étude de talent.com, les salariés invoquent certains inconvénients à la semaine de 4 jours et notamment : un conflit d’horaires (36%), des objectifs inatteignables (26%), un stress supplémentaire (21%) et un risque de dégradation de la satisfaction client (18%).

Source : Talent.com

 

4- Un désavantage pour certains salariés

Selon une étude du Credoc,  33% des salariés interrogés souligne la crainte de la fatigue liée à l’allongement des journées de travail .

Or, ceci est particulièrement vrai pour certaines catégories de travailleurs, plus vulnérables, comme les familles monoparentales qui rencontrent des difficultés à faire garder leurs enfants le soir.

Les personnes en situation de handicap ou atteintes de maladies chroniques peuvent également éprouver des difficultés à travailler plus longtemps chaque jour ou à augmenter leur productivité. L’intensification des journées de travail est susceptible de nuire à leur santé déjà fragile.

De manière générale, si la durée du travail n’est pas réduite, les parents de jeunes enfants qui ont l’habitude d’aller chercher leurs enfants à l’école doivent désormais trouver un mode de garde pour le soir. Sauf à faire matcher le jour off du salarié avec celui des enfants, le mercredi, ces heures en plus ont un coût, celui de la garde d’enfant.

5- Une baisse de productivité possible

L’un des arguments en faveur de la semaine de 4 jours consiste à démontrer l’augmentation de la productivité, jusqu’à 31% de gain de productivité selon certaines études. Le contrat moral passé avec les salariés serait le suivant : travailler moins de jours dans la semaine, à condition d’être parfaitement concentré les 4 autres jours, et cela sur des temps de travail parfois plus longs.

Or, réaliser en 4 jours le travail qu’ils réalisaient auparavant en 5 peut poser de véritables difficultés d’organisation, de gestion des priorités et d’anticipation chez certains collaborateurs. La charge de travail reste la même, cependant le stress augmente significativement pour répondre aux objectifs.

Pour certains salariés, la réduction du nombre de jours de travail n’engendre pas de gain de productivité. Au contraire, ce dispositif pourrait avoir plus de conséquences négatives qu’un réel bénéfice. Ces difficultés peuvent engendrer des répercussions sur le niveau de production et entraîner des désorganisations au niveau de l’entreprise. D’ailleurs, une majorité de salariés n’exprime pas le besoin de réduire la semaine à 4 jours.

Enfin pour François Asselin, Président de la CPME, la plupart des entreprises ne peuvent tout simplement pas fonctionner sur quatre jours seulement.

En conclusion

Il n’est pas souhaitable que la semaine de 4 jours devienne obligatoire, au risque de déstabiliser de nombreuses entreprises mais aussi certains salariés.

Passer à la semaine de 4 jours nécessite de repenser toute l’organisation de l’entreprise afin de maintenir le même niveau de production et de qualité de service pour les clients.

De plus, tous les salariés ne désirent pas ajouter des heures à leur journée ou réaliser le même travail en moins de temps. Enfin, toutes les organisations d’entreprise ne s’y prêtent pas.

En somme, comme pour la mise en œuvre du télétravail, la semaine de 4 jours doit rester une option facultative.

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