Nantes : Interview exclusive de Valérie Oppelt

  • Politique
Interview de Valérie Oppelt, ancienne députée de la deuxième circonscription de Nantes, est membre de la République en Marche, devenue Renaissance depuis 2016.

Introduction

Valérie Oppelt, ancienne députée de la deuxième circonscription de Nantes, est membre de la République en Marche, devenue Renaissance depuis 2016.

Avec un parcours qui débute dans l’industrie en tant que responsable administrative et financière puis responsable industriel, Valérie Oppelt a ensuite développé son entreprise avec un associé dans le développement des éclairages.

C’est à cette période-là que Valérie Oppelt rencontre Emmanuel Macron, avec lequel elle partage les valeurs travail et Européenne. Elle sera l’organisatrice de la venue du futur Président de la République au zénith de Nantes.

Devenue députée en 2017 elle avait travaillé sur deux sujets principaux :

  • La réforme des chambres de commerce et d’industrie ;
  • Le handicap et l’inclusion.

Candidate malheureuse aux dernières législatives face à Andy Kerbrat, nous avons rencontré Valérie afin de lui poser quelques questions.

Interview

La rédaction : En cette période électorale c’est un peu la surenchère des promesses aux Milliards de dépenses pour répondre aux attentes des électeurs. La plupart des partis proposent de nombreuses nouvelles hausses des dépenses ; on peut s’interroger dans le choix d’être dans la surenchère à la hausse dans ces dépenses, alors même que nous devrions être dans un véritable concours entre candidats pour justement baisser nos dépenses.

Et vous qu’en pensez-vous ?

Valérie Oppelt : C’est toujours plus facile d’être un parti d’opposition qui ne gouverne pas que d’être dans l’exécutif.

Je représente la majorité présidentielle qui gouverne actuellement. Nous devons rester pragmatiques et regarder en face le quotidien et toutes les dépenses qui sont générées par nos décisions prises dans chaque secteur.

C’est toujours plus facile de promettre 1 600 euros en matière de SMIC, je parle ici de l’extrême gauche, pour se retrouver dans le futur avec une destruction de l’emploi et des entreprises exsangues, que de réussir à créer 1,2 million d’emplois supplémentaires comme nous l’avons fait depuis 2017.

Puis, on a ramené presque 300 nouvelles industries en France, on a recréé un climat de confiance avec les investisseurs internationaux qui plébiscitent notre pays pour leurs investissements.

Le programme de l’extrême gauche est estimé à 300 milliards de dépenses d’après Terra Nova.

C’est la faillite assurée du pays.

À l’extrême droite, ils veulent exonérer d’impôt les moins de 30 ans à l’instar de Kylian Mbappé, et abroger la réforme des retraites. Qui va financer cela ? Il n’y a aucune mesure financière.

À l’inverse, nous avons eu le courage de réformer et de prendre des décisions, notamment s’agissant des retraites.

La rédaction : L’annonce par le président Emmanuel Macron de la dissolution de l’Assemblée nationale a été un choc pour beaucoup de responsables politiques, de militants et d’électeurs, mais aussi pour des parlementaires de la majorité qui, pour certains, ne retrouveront peut-être pas leur siège en tant qu’anciens députés et candidats.

Comment avez-vous perçu cette dissolution ?

V.O : Pour ma part, j’étais en train de présider un bureau de vote ce jour-là. J’ai cru que c’était une blague, puis après je me suis réveillée et je me suis dit « Mais qu’est-ce qu’il se passe ? ».

Ma première réaction était de me dire que nous sommes dans une situation où le pays accueille les Jeux Olympiques cet été, par conséquent j’ai trouvé cela complètement fou.

Après coup, je me suis dit que cette dissolution va peut-être permettre de réveiller les Français et les Françaises.

En même temps, on a une extrême gauche qui hurle à l’Assemblée mais sans jamais rien proposer. Ces élus votent contre tous les budgets : c’est-à-dire que les budgets qui permettent d’augmenter la police pour les questions de sécurité, d’améliorer les conditions de la justice, parce que c’est un vrai sujet, de protéger les plus fragiles aussi, d’améliorer le pouvoir d’achat, n’ont pas été votés par l’extrême gauche. Ils ont voté systématiquement contre toutes les aides décidées suite à la crise énergétique
L’extrême-gauche réagit de façon complètement hystérique et qui bordélise l’Assemblée nationale.

De l’autre côté, on constate une extrême-droite qui se tait, mais vote également contre les textes qui protègent les Français. Ils se laissent porter par cette vague de ras-le-bol des Français. 

Le Président s’est dit qu’effectivement : on arrête tout. On remet les Français et les Françaises face à leurs responsabilités, on leur dit qui est-ce que vous voulez pour diriger le pays ? 

C’est ce risque-là qu’il est en train de prendre, c’est une vraie menace selon moi. 

C’est aussi difficile pour les députés sortants. Ils ont dû fermer leur petite entreprise. Car ne plus être député, c’est comme une TPE que vous fermez : en une semaine, vous devez licencier vos collaborateurs, rendre votre bail, figer vos comptes.

Il faut continuer à réformer en écoutant beaucoup plus les Français et les Françaises.

La rédaction : On a justement l’impression que les Français ont la mémoire courte s’agissant des réformes menées par la majorité présidentielle depuis 2017.

Quelques exemples factuels :

  • La création de Choose France qui a permis aux investisseurs étrangers de revenir dans le payer monter des usines ;
  • La baisse de l’impôt sur les entreprises : l’IS est passé de 33 à 25% ;
  • La baisse des impôts de production ;
  • La suppression de la taxe d’habitation et de la redevance TV ;
  • La baisse de l’impôt sur le revenu pour les revenus les plus modestes ;
  • Une augmentation de la prime d’activité ;
  • Le SMIC est revalorisé de quasiment 20% etc…etc

Il y a eu quand même beaucoup de réformes qui ont été menées et pourtant on constate une percée importante des extrêmes pour ces législatives qui contestent parfois avec mépris la réalité de ces réformes.

Quelle est votre analyse ?

V.O : C’est vrai que toutes ces réformes ont eu lieu.

Lorsque je vais sur le terrain, je me rends compte que les personnes que je questionne au sujet de leur taxe d’habitation supprimée, de leur redevance télé abrogée, des fameuses primes Macron versées à plus de 6,8 Millions de salariés, sont de bonnes choses.

Seulement, les Français ne l’ont pas ressenti parce qu’on a subi de telles crises violentes : Covid, Ukraine, énergies, inflation… que je pense que cela a clairement occulté toutes ces réformes.

Pourtant, nous sommes le pays où l’inflation est la moins forte.

En France, notre pouvoir d’achat a augmenté de près de + 3% depuis 2020. En Allemagne on est à  + 1,5% sur la même période.

C’est assez inquiétant parce que je pense que les réseaux sociaux ont aussi une part de responsabilité avec beaucoup de fake news et beaucoup de complotisme sans fondement sérieux.

Puis aujourd’hui, acheter un bien c’est un vrai sujet. Des propositions sont actuellement portées comme l’exonération comme des frais de notaire jusqu’à 250 000 euros. Cela permettra à un jeune de pouvoir se projeter un peu plus dans la vie et commencer par se loger tout simplement.

La rédaction : Nantes va mal, des commerces ferment, l’insécurité s’est développée en centre-ville depuis quelques années maintenant.

Et Nantes est devenue un champ de bataille, parfois lors des manifestations, vitrines cassées, commerçants invectivés, parfois agressés. Cela sans omettre les trafics et les points de vue de bien entrer dans le centre-ville qui font fuir clients et riverains.

Bien entendu, certains commerçants ont jeté l’éponge et on peut les comprendre. 

Quelles seraient, selon vous, les solutions à mettre en place pour préserver l’économie locale tout en permettant la libre expression lors de ces manifestations ?

V.O : Lorsque j’étais députée entre 2017 et 2022, j’avais beaucoup travaillé le sujet à l’époque. Je m’étais battue afin d’obtenir davantage de policiers nationaux ce qui me semble être la base.

Un contrat de sécurité intégré avait été signé avec Johanna Rolland, la Maire de Nantes.
Ce contrat instaure que l’État apporte 70 policiers nationaux et la ville s’engage pour mettre en place 70 policiers municipaux supplémentaires. Naturellement l’État a rempli sa part du contrat mais pas Johanna Rolland.

C’est aussi le sujet de la justice qu’il faudra travailler. En effet, là aussi, il y a eu des budgets. 

Ce sont des augmentations de + 5% de budget à l’échelle nationale pour pouvoir recruter des greffiers, des magistrats. C’est en œuvre, mais c’est très long à mettre en place.

Concernant les manifestations, on a aussi une vieille histoire à Nantes, qui à l’origine est une ville ouvrière. En 1955, lors d’une manifestation, un ouvrier de 24 ans a été tué.

Depuis cet incident, il y a eu un accord de principe qui a été mis en œuvre où les trajets des manifestations ne sont pas déclarés à Nantes.

Tout de suite, ces évènements sont impossibles à gérer correctement au niveau de la préfecture. Nantes est la seule ville de France où on n’a pas besoin de déclarer le trajet des manifestations. Par conséquent, c’est beaucoup plus complexe à encadrer et à sécuriser.

Depuis même si cela s’est quand même amélioré, je pense que l’on a quand même le résiduel de zadistes dans la ville, avec une maire qui leur déplie le tapis rouge.

Nantes héberge d’ailleurs, au frais du contribuable, avec les loyers gratuits, des associations telles que Alternatiba, Attac 44, Le Réveil Jaune. Tous sont logés dans des salles associatives financées par les impôts des Nantais. Je suis très claire là-dessus : c’est le QG de la ZAD !

C’est pour cette raison que systématiquement à Nantes, on se retrouve avec des manifestations qui dégénèrent et entraînent la chute de nos commerçants.

En Juin à Nantes : Baisse de – 38% de chiffres d’affaires pour les commerçants !

Au mois de Juin dernier, avec toutes les manifs et pré-manifs alimentées par la majorité de Johanna Rolland, qui est elle-même dans certaines de ces manifestations, c’est une baisse de – 38% de chiffres d’affaires pour les commerçants !

Les commerçants en ont marre.

En ce qui concerne la mobilité avec cette politique anti-voiture, il est important de favoriser la mobilité douce à condition d’investir dans les transports en commun. 

Nantes ne va pas assez vite parce que supprimer peu à peu l’espace de la voiture en ville c’est créer de nouveaux bouchons. C’est aussi empêcher toutes les personnes qui habitent en dehors de la métropole de pouvoir entrer dans la ville, ça détruit clairement des commerces.

Il y a les transports en commun gratuits qui plaisent aux Nantais.

Seulement, tout le monde n’a pas la capacité physique de les utiliser, notamment avec les seniors et les personnes en situation de handicap. C’est un sujet qui me touche beaucoup car aujourd’hui vous ne pouvez pas entrer dans la ville de Nantes et vous y promener paisiblement.

Il y a aussi une forme de dangerosité avec les vélos qui vont dans tous les sens. Il n’y a pas eu de réflexion là-dessus.

La rédaction : Il n’est pas possible d’évoquer Nantes et les élections sans évoquer Notre-Dame-des-Landes et le sujet de l’aéroport. En 2016, le oui au transfert de l’aéroport l’emporte à plus de 55% des voix.

Le pouvoir en place avait promis d’initier le début des travaux quelques mois plus tard.

Rien ne s’est passé comme prévu et aujourd’hui on constate un accroissement des usagers, de véritables attentes en la matière s’agissant des entreprises locales et une défiance pour nos dirigeants qui n’ont pas respecté les suffrages exprimés.

Quelle est votre vision du dossier ?

V.O : Pour être claire j’étais pour Notre-Dame-des-Landes. C’est un dossier que j’ai défendu, même dans le bureau du Premier ministre de l’époque Edouard Philippe.

La décision a été prise, sans doute, pour des raisons de sécurité.

Je pense que le problème de fond, c’est qu’il aurait fallu que Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, lors du mandat de François Hollande, aille jusqu’au bout de la décision.

Aéroport de NDDL : J’ai su qu’après, François Hollande avait dit stop, on arrête tout.

J’ai su qu’après : François Hollande avait dit stop, on arrête tout.

C’est donc Emmanuel Macron et Edouard Philippe qui se sont récupérés le dossier.
Effectivement, je suis d’accord pour dire qu’on avait voté et que le vote n’a pas été respecté.

On le paie d’ailleurs très cher maintenant parce que ça a ouvert les portes à une forme de zadification de plein d’autres nouveaux projets.

Maintenant dès qu’il y a un nouveau projet, je pense à l’A69, je pense à d’autres grands projets, il y a des ZAD qui se créent.
Donc là-dessus, je ne suis pas ravie de ce qui s’est passé.
Après, nous avons toujours ce problème de l’aéroport avec le survol de Nantes.

Cela reste un sujet avec tout ce que ça comporte : les problèmes de bruit, les problèmes de particules fines, tout ce qui est santé et nuisances. C’est un sujet qui un jour va forcément mathématiquement ressortir.
Globalement je ne suis pas vraiment d’accord avec la décision qui a été prise, je la regrette, en tout cas.
Mais en même temps, on peut comprendre une décision qui a été prise à cause d’enjeux de sécurité qui étaient réels et de vrais risques. C’est un dossier qui traînait depuis plus de 30 ans qui aurait dû être traité bien en amont.

Là aussi, on s’est récupéré un dossier que personne n’avait voulu traiter auparavant.

Conclusion

La rédaction : Pour conclure, quel message souhaiteriez-vous faire passer ?

V.O : Déjà, le message que je voudrais passer c’est : n’écoutez pas les sirènes, les voix qui vous disent que dès le 8 juillet, on va avoir 1 600 euros de SMIC, que vous allez pouvoir partir à 60 ans. Toutes ces promesses ne sont pas finançables.

On sait que la France doit justement faire des efforts sur ses politiques publiques et sur le financement de celles-ci.

Chacun doit restreindre les budgets.

C’est quelque chose qui a été déjà entamé par le gouvernement actuel. On sait pertinemment que ce que vous promettent l’extrême-gauche ou l’extrême-droite n’est pas applicable.
Écoutez plutôt la voix de la raison. 

J’ai plusieurs projets que je défends :

Toutes les mesures en faveur du pouvoir d’achat. 

Les factures d’électricité qui baisseront de 15% dès cet hiver.

Les budgets, la prime Macron de 10 000 euros etc…

La mesure qui me semble intéressante à porter, c’est de baisser les charges sociales dans les entreprises pour les salaires jusqu’à 2 500 euros.
Je pense que ça aura un impact très fort sur le pouvoir d’achat.
La deuxième chose, c’est l’attractivité de la ville de Nantes au travers de la sécurité.
Je me suis battue pour la police nationale et la justice à l’échelle de Nantes. Je continuerai à travailler ces sujets-là.
Le député en place, Andy KERBRAT de la France Insoumise estime que la police tue.

Quand on est à ce niveau-là et lorsqu’on sait que Nantes est une ville qui fait face à des trafics de drogue très importants, on n’a pas ce genre de comportement ni de parole.

Enfin, le troisième sujet qui me tient à cœur, c’est la protection des plus fragiles. La protection des enfants et toute la réforme de la protection de l’enfance.

Un enfant qui va bien, devient un adulte qui ira bien. Dans les entreprises cela se traduit par quelqu’un qui sera bien dans ses bottes et qui aura l’esprit d’équipe.

Valérie Oppelt

 

Sommaire
    François NORMAND

    François est un journaliste-rédacteur aguerri aux chiffres et aux sujets économiques.