Nantes et son périphérique fermé : Les pouvoirs publics ont-ils abandonné les Nantais ?
- Nantes
Chaque année c’est la même situation qui se répète et le même immobilisme qui est constaté par les Nantais : Le périphérique est encore inondé et fermé. Est-ce une fatalité ou existe t-il des solutions ?
Car cette situation qui perdure depuis plusieurs dizaines d’années coûte TRÈS cher à l’économie locale et à la santé des habitants.
Les chiffres du périphérique Nantais
Le périphérique de Nantes est emprunté par plus de 100 000 véhicules chaque jour. Ainsi, lorsqu’il est fermé et que la ville de Nantes est cadenassée par des travaux sans étude d’impact : ça coince.
Nombre de véhicules qui empruntent le périphérique | 100 000 véhicules/jour |
Nombre de fermetures du périphérique depuis 2007 | 28 fois |
Longueur du périphérique de Nantes | 43 kms |
Âge de l’édifice | 55 ans |
Nombre de portes | 23 |
Nombre d’heures passées par an dans les bouchons par habitant | 72 heures |
Nantes et ses problèmes de mobilité
Nantes est une ville extraordinaire qui s’est transformée au cours du 20ème siècle, mais elle conserve des pistes d’amélioration notamment en matière de mobilité.
En 2024, le périphérique emprunté par 100 000 véhicules chaque jour est enfin passé en 2×2 voies sur l’ensemble de celui-ci.
Cependant, à peine une semaine suivant l’ouverture aux usagers de ce nouveau tronçon entre la porte de la Chapelle et la porte de Gesvres, le périphérique était à nouveau fermé pour cause d’inondation.
Ces dernières années, il y a eu 27 fermetures du périphérique à cause de l’inondation au pied de la porte de la Chapelle lorsque le Gesvres déborde.
L’immobilisme des pouvoirs publics interroge alors même que la Maire de Nantes indiquait :
“Nous avons toujours besoin de la voiture pour un certain nombre de déplacements, et on n’a pas le même rapport à elle quand on habite en hyper-centre ou quand on habite à 30 ou 40 km du centre de Nantes.”
Johanna Rolland – Maire de Nantes
L’Histoire des GRANDS travaux de la ville de Nantes
Au 20ème siècle de grands travaux avaient été entrepris à Nantes suite aux inondations récurrentes de la ville et aux problèmes d’hygiène et de salubrité publique que cela posait.
De 1926 à 1946, les comblements de Nantes ont abouti à la suppression des deux bras de la Loire situés les plus au nord.
De la même façon, à partir de 1929 et jusqu’en 1945, l’Erdre, un des affluents de la Loire, a été détourné.
L’Erdre s’arrête net au niveau de la préfecture de la ville. Il file ensuite dans le tunnel Saint-Félix, passe sous les cours Saint-Pierre et Saint-André pour réapparaître 800 mètres plus loin au pied du Lieu Unique.
Ces grands travaux ont permis de stopper les inondations récurrentes dans la ville, mais aussi la création du cours des 50 Otages et d’autres boulevards.
Au regard de ces gigantesques travaux réalisés par nos ancêtres qui ne disposaient pas des mêmes moyens financiers, techniques et matériels qu’aujourd’hui, on peut légitimement s’interroger sur l’immobilisme constaté actuellement sur le sujet.
48 millions d’euros déjà dépensés
Malgré des travaux faramineux afin de moderniser cette portion du périphérique pour passer d’une voie à deux voies de part et d’autre de la chaussée, rien n’a été effectué pour résoudre la problématique des inondations.
Pire, alors que les météorologistes nous alertent quant à la récurrence de ces inondations et à l’augmentation de celles-ci consécutivement au réchauffement climatique, rien n’a été planifié ni organisé pour y faire face dans les prochaines années.
Combien coûtent tous ces bouchons ?
D’après le fabricant de GPS TomTom : “à Paris, le trafic fait augmenter de 45% le budget carburant d’un conducteur d’une voiture à essence, soit un surcoût de 288 euros par an !”
Dans l’ensemble des grandes villes françaises, les automobilistes ont vu leurs coûts s’envoler de 15 à 30%.
Le Directeur Marketing de l’entreprise TomTom ajoute : « Il y a manifestement des causes réglementaires. Les municipalités veulent réduire les vitesses de circulation pour diminuer les accidents… Si les temps de parcours augmentent, le CO2 augmente ».
Les bouchons touchent plus particulièrement les catégories modestes et pauvres de la population.
Ces foyers sont poussés à l’extérieur des villes pour des raisons économiques.
Seulement, ils doivent ensuite prendre leur voiture pour se rendre au travail. L’écologie ce n’est pas laisser la population sans solution en pareille situation.
Or, les transports en commun ne sont pas accessibles partout et encore moins à des horaires adaptés à toutes les professions ainsi qu’à toutes les activités et besoins.
D’ailleurs, en 2013, une étude démontrait que le coût annuel des bouchons était de l’ordre de 1943€ par foyer.
Cela sans compter le stress des usagers et celui-ci influe directement sur leur santé : Hypertension, nervosité, fatigue, dépression…etc
Puis, pour les entreprises c’est tout autant délétère avec des salariés en retard ou absents, de surcroit stressés. La productivité est directement impactée lorsqu’elle n’est pas complètement suspendue. La satisfaction client peut en pâtir et coûter encore davantage à l’entreprise concernée.
Les livraisons prennent du retard et sont parfois reportées de plusieurs jours, voire sine die.
Lorsque ce n’est pas livré, ce n’est généralement pas facturé. Puis…
Les magasins qui ouvrent en retard à cause du personnel coincé dans les bouchons,
Les chantiers arrêtés car les matériaux n’ont pas pu être livrés à temps,
Les rendez-vous clients qui ne peuvent être honorés car les chauffeurs sont perdus dans les embouteillages,
Les interventions des artisans annulées ou reportées lorsqu’ils passent plus de temps dans leur véhicule que chez les clients,
Les infirmiers en retard ou dans l’impossibilité de venir chez les patients qui les attendent,
Les réapprovisionnements des magasins compliqués, ralentis voire suspendus,
Les installations de matériels techniques annulées,
lorsqu’un intervenant n’a pu se rendre sur place pour effectuer sa part de la mise en fonctionnement.
…
Et, les véhicules de secours dont les temps d’intervention s’allongent inévitablement, amoindrissant ainsi les chances des victimes dont la vie peut être en danger.
Les pouvoirs publics ont le devoir de régler cette problématique.
Un ras-le-bol général
Pour les usagers, professionnels ou non, patrons ou salariés, le ras-le-bol est omniprésent. Il va falloir que les parties prenantes se réunissent afin de trouver une solution rapidement.
La population est excédée par l’immobilisme des décideurs concernés.
Par exemple, Monsieur Franck Meyer dirigeant de la société Protextyl fait part de son ras-le-bol sur le réseau Linkedin :
Le post en question est relayé et approuvé par des centaines d’autres dirigeants et salariés tout aussi excédés :
Quelques commentaires sur le réseau Linkedin :
Quelques commentaires sur Facebook :
Que se passe-t-il exactement porte de la Chapelle ?
La DIRO (Direction interdépartementale des routes Ouest) précise que :
“Quand la pente est presque nulle, comme c’est le cas pour Le Gesvres (0,3 %), les rivières se déplacent davantage sous l’effet de la pression exercée par l’eau en amont, plutôt que par gravité. Ainsi, avec un profil quasiment horizontal, c’est l’augmentation du niveau de l’eau qui, grâce à l’effet de charge, intensifie le débit à l’endroit de l’exutoire.”
Ainsi, les précédentes générations de Nantais étaient en capacité de dévier un affluent de la Loire et de combler deux bras d’un fleuve qui traversaient leur ville.
Aujourd’hui, avec les moyens modernes dont nous disposons, nous serions incapables de résoudre l’inondation récurrente du périphérique Nantais ?
Étonnant non ?
Photos : Dreamstime – S.Pajot – FTV
Sources : intégrées dans l’article