Interview exclusive de F. Chombart de Lauwe candidat à la Mairie de Nantes
- Politique
Introduction
Foulques Chombart de Lauwe est un élu d’opposition (Les Républicains) au conseil municipal de Nantes, et Nantais d’origine. Le candidat déclaré à la Mairie de Nantes en 2026 a eu un riche parcours international avant de revenir dans sa ville natale en 2015.
Foulques Chombart de Lauwe aspire à devenir Maire de la ville en 2026 dans le but de “réparer la ville et lui apporter 10 ou 12 ans de prospérité”.
Nous avons rencontré Foulques afin de lui poser quelques questions.
Interview
La rédaction : En cette période électorale, c’est un peu la surenchère des promesses aux Milliards de dépenses pour répondre aux attentes des électeurs.
La plupart des partis proposent de nombreuses nouvelles hausses de nos dépenses. On peut s’interroger dans le choix d’être dans la surenchère à la hausse dans ces dépenses, alors même que nous devrions être dans un véritable concours entre candidats pour justement baisser celles-ci.
Et vous qu’en pensez vous ?
Foulques Chombart de Lauwe : Je pense que le problème vient du fait que personne ne se pose la question des dépenses utiles et inutiles et de l’efficacité de la dépense publique.
Dans certains pays l’on appellerait cela être “libéral”. Ce qui est vu comme un gros mot dans notre pays, est une conviction forte pour moi.
Je ne pense pas que c’est l’État qui crée de la valeur, pas plus que les collectivités.
La valeur est créée essentiellement par les entreprises et par les salariés.
De ce fait, il faut qu’on réalise qu’être le pays champion de la pression fiscale, des prélèvements obligatoires, et de la dépense publique, n’est pas le haut du classement dans lequel on a envie de se retrouver.
Cela empêche de libérer les énergies des acteurs qui créent de la valeur : entrepreneurs, associations et même les initiatives individuelles.
Comme disait Pompidou “Qu’on arrête d’emmerder les Français”.
Je pense que cela est particulièrement vrai dans le monde de l’entreprise mais pas uniquement.
La rédaction : Nantes va mal. Des commerces ferment et l’insécurité s’est développée en centre-ville.
Les commerçants sont d’autant plus inquiets que l’attelage baroque de la gauche portée par les extrémistes de la France insoumise est aux portes du pouvoir.
Quelles seraient selon vous les solutions à mettre en place à Nantes pour éviter la fermeture des commerces et les solutions pour sécuriser ces zones d’activités ?
F.CDL : Un discours consiste à laisser croire que la situation des commerces, c’est juste le fait des achats en ligne et des évolutions de consommation.
Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’évolutions importantes et que le commerce n’a pas d’enjeux pour s’adapter à ces évolutions, seulement ils font déjà de gros efforts.
“[Il faut] donner de la visibilité aux commerçants”
Les commerçants ont juste besoin qu’on crée les conditions pour qu’ils fassent leur boulot.
Le rôle d’un maire, c’est justement de garantir ces conditions.
Dans un premier temps, l’accessibilité du centre-ville.
C’est un enfer pour entrer dans Nantes ou bien même y stationner. Cela est d’autant plus vrai lorsque vous n’êtes pas Nantais et que vous n’avez de ce fait pas de vignette pour stationner.
Tout est fait pour éviter que les gens s’approchent du centre-ville en voiture.
J’ai conscience qu’il faut qu’il y ait moins de voitures. Cependant une grosse partie des clients des commerces de la ville de Nantes ne viennent pas de la métropole. Ils n’ont donc pas de solution simple en matière de transport en commun.
Donc pourquoi pas mettre en place la gratuité du stationnement en parking P+R si jamais vous avez effectué des achats dans le centre-ville ?
Dans un second temps, ce qu’il faut garantir après l’accessibilité, c’est la sécurité.
Sans rentrer dans les détails, quant on craint pour sa sécurité et que l’on déambule dans le centre-ville de Nantes la boule au ventre, on n’y vient plus.
Afin de mettre un terme à cela, il y a plein de solutions : de l’éclairage aux horaires nocturnes, plus de présence policière, des caméras,…
En résumé, beaucoup de choses sur lesquelles on se bat depuis longtemps.
La troisième chose dont ont besoin les commerçants, c’est la propreté.
Pour cela, il y a un travail à faire qui n’est pas antinomique avec le souci écologique s’agissant des détritus. On doit aussi travailler sur le vagabondage, les chiens errants et sur la question des tags.
On peut mettre en place une brigade anti-tags, il n’y en a pas à Nantes.
Vous voyez, que l’on peut mettre un vrai coup de booster !
Enfin, la quatrième condition : c’est donner de la visibilité aux commerçants
C’est-à-dire que lorsqu’un commerçant apprend par la presse que le pont Anne-de-Bretagne va fermer durant un an et qu’il n’a pas été prévenu ; il faut qu’il anticipe une baisse de – 30 à – 40% de la fréquentation devant sa vitrine.
Concrètement pour votre commerce vous n’avez plus que vos yeux pour pleurer.
Je pense que là-dessus, le rôle de la ville, c’est de donner de la prévisibilité et de mettre en place une politique d’attractivité du centre-ville en terme d’événements.
Il faut arrêter d’attaquer des évènements annuels importants pour les commerçants comme Noël.
Le Voyage en hiver s’avère avoir été un réel échec.
Il me semble important que la ville de Nantes crée des occasions qui donnent envie aux gens de venir dans la ville.
C’est la promotion du territoire, c’est du marketing territorial.
C’est comme cela que ça marche. Cela veut dire éviter des bad buzz comme le voyage en hiver qui nous a privés de Noël.
Nous devons également exiger que les manifestations à Nantes soient déclarées.
Puis, que ces manifestations ne donnent lieu à de la casse qui fait fuir encore davantage la clientèle.
Nous devons protéger les commerçants, car lorsque vous êtes obligé de mettre des panneaux de bois tous les samedis sur vos vitrines pour vous protéger des casseurs, à un moment, vous renoncez et vous quittez Nantes.
Consécutivement, le taux de vacances a explosé.
La rédaction : Les camps de gens du voyage ceinturent l’agglomération. Des locaux d’entreprises et des parkings sont squattés, saccagés.
Mounir BELHAMITI, qui était à votre place la semaine dernière, nous indiquait que l’agglomération Nantaise représente 25% de l’ensemble des Roms présents sur le territoire français.
Quelle serait, selon vous, la solution à ces problèmes qui concernent l’ensemble de l’agglomération ?
F.CDL : Je pense qu’il faut bien nommer les choses. Il y a des camps de Roms et il y a des campements de gens du voyage. Ce n’est pas la même chose et ce n’est pas le même problème donc pas les mêmes solutions non plus.
S’agissant des gens du voyage, je connais assez bien le sujet, j’en connais beaucoup, j’ai même des amis gens du voyage, et on en discute souvent.
La question est la suivante : est-ce qu’en 2024 on accepte qu’il puisse y avoir un mode de vie nomade dans notre pays ?
La contrepartie si on décide que c’est possible c’est qu’il faut engager un dialogue adulte, responsable, parfois costaud, avec les gens qui ont choisi ce mode de vie.
Il faut que les règles soient respectées et que ce ne soit pas à l’individu, au particulier ou à l’entrepreneur, d’assumer les débordements du mode de vie de l’autre.
Je suis allé aider à résoudre un conflit, où il y avait des gens du voyage qui s’étaient installés sur le parking d’un restaurant et d’un hôtel à Saint-Herblain, juste en face d’Atlantis.
Concrètement, j’ai été discuter avec les entrepreneurs qui étaient présents. Ils avaient vu leur clientèle baisser de – 40 à – 50 % depuis plusieurs semaines. J’ai ensuite été discuter avec les familles qui s’étaient installées là.
Elles nous ont expliqué que ce n’était pas de gaîté de cœur qu’elles s’étaient installées là. C’est simplement parce que la commune ne leur avait proposé aucune solution. Le terrain qu’on leur avait proposé était boueux.
Ces familles ont compris que leur présence posait un réel problème aux entrepreneurs. Ils se sont déplacés pour aller sur un terrain qui posait moins de difficultés.
Là où je veux en venir, c’est qu’il n’y a pas de solution miracle.
Lorsque les gens du voyage approchent d’une commune, d’une grande métropole, il doit y avoir un numéro unique avec un interlocuteur qui les connaît bien et qui a recensé en amont tous les terrains disponibles. Il va ainsi les guider vers un endroit où ça gêne le moins.
Soyons simplement adultes. Ce sont des gens responsables, des gens travailleurs, qui ont le droit de vote et avec qui on doit travailler.
Le sujet des Roms est plus complexe parce qu’il y a plus de pauvreté.
Il y a davantage d’enjeux d’intégration, il y a des réseaux mafieux.
On ne peut pas comparer les deux communautés car ce ne sont pas du tout ni les mêmes histoires, ni les mêmes personnes, ni les mêmes problématiques.
À Nantes, il y a un problème de pauvreté extrême dans des bidonvilles avec des personnes qui sont des Européens. Ils ont le droit de circulation mais ils ont jeté leur dévolu sur la métropole nantaise pour pas mal de raisons.
Il faut essayer d’appréhender la globalité du phénomène.
Sur ce sujet, j’avoue modestement que je n’ai pas de solution.
On ne peut pas se satisfaire en 2024 d’avoir une cinquantaine de bidonvilles collés à la périphérie de la ville.
Il faudra s’inspirer des meilleurs exemples et c’est un travail que j’essaie de faire actuellement. Je me renseigne avec mes équipes sur les villes qui ont réussi à juguler le phénomène.
Il faut cesser de faire croire qu’à Nantes, c’est “open-bar” ; que c’est l’accueil inconditionnel de tout type de migration.
“Il faut moins accueillir pour mieux intégrer”
Je considère que ce n’est pas responsable d’accueillir tout le monde. Ce sont des sujets complexes qui méritent d’être abordés avec courage, avec sérénité, puis d’essayer des choses qui fonctionnent, de fixer des règles communes.
La rédaction : Qu’avez-vous pensé des marches peintes de l’escalier de la butte Sainte-Anne ?
F.CDL : Ça m’a révolté pour plusieurs raisons :
Premièrement, Je pense que le mobilier urbain et l’espace public n’ont pas vocation à servir pour des causes militantes, surtout quand la planète est à feu et à sang sur un sujet comme celui-là.
Ce qui m’a aussi choqué, c’est l’absence de réaction de la ville qui a refusé de les faire nettoyer.
Ce n’est pas tellement le drapeau palestinien en tant que tel qui est gênant, car je souhaite que la paix arrive en Israël et en Palestine.
Deuxièmement, je pense qu’on n’a pas à sommer les Nantais de prendre parti sur un conflit comme celui-ci.
Troisièmement, on sait l’usage qui est fait du drapeau palestinien dans ces circonstances.
On sait très bien que c’est du clientélisme vis-à-vis des musulmans qui, à mon avis sont trop intelligents pour tomber dans le panneau.
Il est honteux que la maire de Nantes laisse faire ce genre de manœuvre communautariste et clientéliste.
Il faut qu’on arrive à recréer du lien dans la société française. Ce n’est pas en laissant faire ce genre de dégradation pour des causes militantes que l’on va apporter la paix civile dans un pays qui en manque singulièrement.
La rédaction : Lorsque vous serez maire de Nantes en 2026, quelles sont les trois premières propositions que vous ferez en début de mandat ?
F.CDL : Nous aurons un chantier évident autour de la sécurité afin que les gens voient tout de suite les choses changer. Par conséquent, ce sera un package de mesures qui seront là pour rassurer les Nantais. Cela me semble important.
“L’argent public n’existe pas, il n’y a que l’argent du contribuable.”
Je pense également qu’on mettra à plat les grands projets structurants pour le développement de la ville afin de s’assurer qu’on planifie le rayonnement de Nantes pour les 15 ans et les 20 ans qui suivent.
Je pense bien entendu à relancer des chantiers comme le réaménagement de l’aéroport actuel, à un franchissement de la Loire également.
Il y a aussi l’infrastructure ferroviaire qui fait qu’aujourd’hui les temps de trajets se dégradent. Comment expliquer que Rennes est à 1h28 de Paris et Bordeaux à 2h00 ?
Le troisième sujet tient à la manière dont la ville doit se recentrer sur ses fonctions essentielles.
Il y a beaucoup de dispersion dans l’action publique à Nantes et il faut que les Nantais en aient pour leurs deniers.
L’argent public n’existe pas, il n’y a que l’argent du contribuable.
Nous devons nous recentrer sur l’essentiel. Le contribuable nantais doit savoir à quoi sert chaque euro qu’il nous confie.
Sur l’éducation, la politique scolaire doit permettre un retour à l’apprentissage des fondamentaux. S’agissant de la politique d’urbanisme, elle doit permettre d’avoir un espace de vie accueillant et à nouveau agréable à vivre.
“Le rôle d’une ville comme Nantes, c’est de préparer l’avenir.“
L’avenir passe par une ambition écologique assumée, mais pas à la façon dont Johanna Rolland la déroule aujourd’hui où elle met les contraintes avant les solutions.
Il faut de l’écoute et de la pédagogie pour expliquer comment on va faire de Nantes une ville championne en matière de développement durable et de lutte contre le changement climatique. Cela ne se fera pas au détriment de son rayonnement ou au détriment de la qualité de vie de ses habitants.
La rédaction : On l’a vu l’année dernière, des alliés de Johanna Rolland ont investi des exploitations maraîchères privées, puis ils ont saccagé des infrastructures et des cultures au titre de revendications écologiques.
Qu’en pensez-vous ?
Est-ce le bon moyen pour communiquer ces idées ?
F.CDL :
Je suis contre la violence en politique.
Toute action qui consiste à détruire l’outil de production qui appartient à quelqu’un d’autre pour faire avancer sa cause me paraît éminemment condamnable.
Nous avions demandé à ce que les élus qui avaient participé, notamment l’adjoint de Johanna Rolland, Tristan Riom, soient sanctionnés.
Il n’en a pas été question.
Johanna Rolland a montré sa complicité avec ce type d’action violente.
De la même manière, ses alliés avaient défilé derrière une banderole qui disait « la police tue ».
Je suis scandalisé par tout cela, d’autant plus que l’alimentation durable est un sujet cher à mon cœur.
Les plans qui ont été saccagés étaient des plans expérimentaux pour essayer d’avoir des légumes moins gourmands en eau.
Il s’agissait de plantations expérimentales qui allaient dans le sens du changement climatique et les abrutis décroissants qui ne comprennent rien à la science vont les arracher.
Non seulement l’action me déplaît, mais en plus c’est absurde d’un point de vue environnemental.
La rédaction : Si Johanna Rolland était en face de vous aujourd’hui, qu’est-ce que vous lui diriez ?
F.CDL : Bye bye.
Conclusion
La rédaction : Un dernier mot ?
F.CDL :
“J’ai conscience d’engager le combat d’une vie, je souhaiterai que cela devienne le combat des Nantais.”
Le contexte national va être extrêmement perturbé. Cela ne doit pas nous faire renoncer à recréer une offre politique claire et courageuse. Nous devons proposer des solutions qui réuniront un maximum de Nantais. Ils en ont marre de cette dégradation de leur cadre de vie, de cette gestion de la ville qui est complice avec l’extrême-gauche.