Import-export : les inégalités au préjudice de l’économie Française

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La balance commerciale Française connait un très fort déficit. Quelles sont les raisons expliquant ce déséquilibre entre import et export ?

La balance commerciale Française est en déficit continu depuis 2002. Ceci se traduit par une valeur des importations supérieure à celle des exportations. Après un déficit record en 2022, le déficit s’est réduit en 2023 mais reste toutefois très important.

Quelles raisons expliquent ce déséquilibre entre importation et exportation au préjudice de l’économie Française ?Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour inverser la tendance ?

1- Qu’est-ce que la balance commerciale d’un pays ?

La balance commerciale d’un pays s’obtient part la différence entre la valeur des biens exportés et la valeur des biens importés par celui-ci. La balance commerciale totale tient compte de tous les biens exportés et importés dans le pays au cours d’une année. Il s’agit d’un indicateur important composant la balance des paiements, qui consiste en relevé statistique de toutes les opérations réalisées du pays avec le reste du monde.

Cette balance peut être excédentaire ou déficitaire.

Lorsque la balance commerciale est positive ou excédentaire, cela signifie que que l’on a exporté pour plus cher que l’on a importé. La valeur des exportations est supérieure à celle des importations. Il y a donc un excédent commercial.

Lorsque la balance est négative, ou déficitaire, cela signifie que l’on a importé pour plus cher que l’on a exporté. La valeur des exportations est supérieure à celle des importations. Il y a donc un déficit de la balance commerciale.

Un excédent commercial qui s’avère particulièrement marqué pour un produit ou une catégorie de produits (bien comme service) montre un avantage concurrentiel pour l’économie de la nation sur le marché international. Et inversement, un déficit marqué sur une catégorie de produit démontre un handicap car cela rend le marché national dépendant.

Voyons ce qu’il en est de la balance commerciale Française.

2- Balance commerciale Française : un déficit colossal

Tableau du solde de la balance commerciale

La balance commerciale Française n’a plus été bénéficiaire depuis 2022. Depuis lors, elle se creuse. Un déficit record de 164 milliards d’euros a même été atteint en 2022 . En 2023, la balance commerciale est négative à hauteur de 98,7 milliards d’euros, soit un recul de plus de 65 milliards par rapport à 2022. Il reste toutefois supérieur aux déficits des années précédentes, représentant le deuxième déficit le plus élevé de l’histoire Française.

L’amélioration de la balance commerciale en 2023 est notamment due à la baisse du prix du pétrole, des importations d’électricité et de biens intermédiaires (biens réincorporés dans d’autres biens ou détruits pour produire d’autres biens, comme le bois, la métallurgie, etc.). La baisse de l’importation d’électricité atteint 63 % et 29 % pour les hydrocarbures (pétrole, gaz et gaz naturel liquéfié). On observe également une légère baisse de l’importation de biens manufacturés.

Graphique du solde de la balance commerciale

Dans le même temps, les exportations françaises ont augmenté, passant à 609,4 milliards d’euros contre 598,4 milliards en 2022, soit +1,5% de plus. Les secteurs qui s’illustrent par une augmentation des exportations sont :

  • l’aéronautique et l’automobile (+16% sur un an),

  • le commerce de machines ( + 9% sur un an),

  • les biens manufacturés comme le textile, les équipements électriques et les parfums ;

  • les produits agroalimentaires (+2,2% sur un an),

  • ainsi que la chimie, la métallurgie et la pharmacie. 

Les PME et les ETI ont augmenté leurs exportations de 13,7% par rapport à 2022, soit une forte croissance. Les exportations des TPE et ETI s’inscrivent dans la lignée de 2021 (+15,9 % de croissance) et de 2022 où elles avaient exporté pour 279,2 milliards d’€, représentant 47 % des exportations françaises.

D’ailleurs, comme on le voit sur le tableau de l’Insee, si la valeur des importations augmente, creusant un déficit du commerce extérieur, la valeur des exportations ne cesse également d’augmenter d’année en année, si l’on excepte le creux de 2020, causé par une année dexpectative et de repli sur soi dû à la crise sanitaire.

Reste toutefois que la balance commerciale 2023 se creuse d’un déficit historique, le deuxième plus élevé après 2022. Quelles sont les raisons de ce déficit commercial encore colossal ?

3- Import export : quelles sont les raisons du déficit de la balance commerciale Française ?

Les raisons de ce déséquilibre entre importations et exportations sont à la fois conjoncturelles et structurelles.

Des causes structurelles et conjoncturelles

Les causes conjoncturelles du déficit de la balance commerciale Française s’expliquent en partie car le pays est importateur d’hydrocarbures. Chaque fois que les prix du pétrole augmentent, l’impact sur le déficit est immédiat, comme en 2022. En revanche, en 2023 ces prix ont diminué.

De plus, les deux années de crise sanitaire ont ralenti les échanges internationaux. Ce repli sur soi a engendré moins d’exportations en 2020. La période correspondant à la pandémie a été marquée par une très forte volatilité de la croissance.

Cependant, ces causes ne suffisent pas à expliquer un déficit qui est devenu, au fil des années, quasi structurel. La principale raison à cela : la désindustrialisation de la France. On l’observe par le creusement du déficit des biens manufacturés. Il s’agit des biens et services résultant de l’activité des industries manufacturières, hors énergie, pétrole raffiné et produits agricoles non transformés. En effet,  le déficit sur les biens manufacturés atteint 54 milliards en 2023. La balance commerciale sur les biens manufacturés de la France se détériore depuis 2007, avec la diminution des capacités de production industrielles dans de nombreux secteurs comme l’automobile, la métallurgie ou l’agroalimentaire. L’industrie Française est aujourd’hui plus faible qu’en Allemagne, et même en Italie. De ce fait, la France est obligée d’importer plus massivement, engendrant des déficits sectoriels.

FRANCE : DÉCOMPOSITION DE LA BALANCE SUR LES BIENS MANUFACTURÉS (MDS EUROS)

De plus, dans le secteur de l’automobile une autre cause est avancée : celle de l’importation massive de voitures électriques depuis 2017. L’électrification des voitures s’est surtout faite par l’importation, notamment des batteries. La balance commerciale s’est ainsi détériorée de 8,5 milliards d’€ entre 2019 et 2023. Cependant, la France poursuit un plan de développement des voitures électriques qui portera ses fruits au fil des années. Le bonus écologique a notamment déjà été réduit sur les voitures étrangères pour inciter les consommateurs à se tourner vers les productions nationales.

Une France qui investit

Tout n’est pas si sombre ! En effet, le déficit montre aussi un certain dynamisme des investisseurs. En effet, l’investissement en valeur a augmenté de 24% en 2023 par rapport à 2019, soit avant la crise sanitaire. Ce sont les différents plans du gouvernement qui poussent les entreprises à investir mais également les défis actuels comme la transition écologique ou digitale. Or, pour investir et se développer, les entreprises ont besoin d’équipements qui ne sont pas encore produits en France. C’est un mal pour un bien : le déficit commercial augmente pour soutenir l’investissement !

Selon certains économistes, pour cette raison, le déficit commercial pourrait continuer de tourner autour des 100 milliards d’€ sans que cela ne soit un réel problème. Les investissements réalisés par la France nécessitent des importations pour le moment mais permettront de se doter de nouvelles capacités de production par la suite. Alors, les besoins d’importation diminueront, et donc, le déficit de la balance commerciale.

4- Les mesures du gouvernement pour dynamiser les exportations Françaises

Le gouvernement incite les entreprises à l’internationalisation afin de dynamiser les exportations françaises. Il met en œuvre des dispositifs incitatifs à la réindustrialisation d’une part et à l’implantation à l’étranger d’autre part. Ces mesures montrent la mobilisation du gouvernement en faveur de l’export.

Un plan baptisé « Osez l’export » a été mis en place. En jeu : une enveloppe de 125 millions d’euros pour encourager les entreprises à exporter ou à s’implanter en dehors de l’hexagone.

D’autres initiatives vont dans le même sens :

  • Le Volontariat territorial en entreprise (VTE) : dispositif visant à inciter les étudiants à s’orienter vers les PME ou ETI françaises ; 

  • L’accompagnement des 1 000 entreprises lauréates du dispositif France 2030 sur un plan d’action de 30 mois : ces entreprises bénéficient d’une prise en charge pouvant couvrir jusqu’à 50% des prestations, dans la limite de 100 000 € de dépenses liées au développement de l’export, soit 50 000€ d’aide. 

  • l’allégement de certaines règles administratives.

Ces politiques ont pour but d’aligner la stratégie de commerce extérieur de la France avec les priorités sectorielles de réindustrialisation et les objectifs de France 2030.

Objectif affiché : 200 000 entreprises exportatrices à l’horizon 2030 (au lieu d’environ 150 000 actuellement).

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    Aurore R

    Aurore est journaliste-rédactrice sur les sujets économiques, entreprises et sociaux.