Un député qui a acheté de la drogue avec son enveloppe parlementaire, est-il coupable de détournement de fonds ?
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Cette question ne devrait pas se poser, mais elle correspond à l’actualité politique du pays.
Andy Kerbrat dans la tourmente
En effet, le député de Nantes, Andy Kerbrat, est depuis des semaines dans la tourmente, depuis qu’il a été arrêté à Paris en pleine transaction d’achat de drogue.
Le député indique sans trembler pour se justifier que “Comme beaucoup de gays de ma génération, je suis passé d’une pratique ponctuelle à une pratique addictive“.
Il ajoute : “Tout le monde sait qu’il y a un problème généralisé d’addictions au sein de cette Assemblée qui traverse tous les groupes“.
En résumé, il fait comme tout le monde. Pourtant, ce n’est pas car les autres violent la Loi que cela l’autorise à le faire également.
Un refus de démissionner de son mandat de député
Si l’affaire pouvait s’arrêter à sa démission, tant elle était évidente et attendue, ce ne fût pas du tout le cas. Andy Kerbrat n’entend pas démissionner de son mandat de député.
Pourtant, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, avait enjoint Andy Kerbrat à “tirer les conséquences de ses actes”. “Un député a un devoir d’exemplarité” avait-il ajouté.
Au-delà du maintien immoral à la fonction de député et incompréhensible pour tout citoyen, Andy Kerbrat aurait utilisé son enveloppe parlementaire pour payer sa consommation de drogues.
La 3MMC avait déjà fait l’actualité
De surcroît, il ne s’agit pas d’un joint le soir avant d’aller dormir, mais de 3MMC, une drogue de synthèse dont les effets sont similaires à la cocaïne.
Utilisée dans les milieux gays, la 3MMC avait déjà fait précédemment l’actualité dans le dramatique accident de Pierre Palmade.
Pour autant, Andy Kerbrat avait co-signé en 2023 une résolution demandant la mise en place d’une stratégie nationale de prévention contre le chemsex, et se trouve aujourd’hui directement concerné par cette même problématique.
Qu’un député prenne de la drogue est déjà problématique pour voter les Lois. La consommation de drogue est un délit (article L3421-14 du code de santé publique).
Des absences en commissions consécutives à des prises de drogues ?
Seulement, le député Andy Kerbrat a aussi brillé dans l’hémicycle par son absence.
En effet, Le Canard enchaîné faisait état de son absentéisme à l’Assemblée, soulignant en particulier une réduction de son indemnité en raison de ses absences en commission.
Ces absences sont-elles consécutives à des prises de drogues ?
Un double discours qui nuit à la démocratie
Il n’est pas possible d’accepter du législateur les belles leçons de morale et les lois corrélatives, pour qu’ensuite elles soient piétinées par ses soins.
C’est ce double discours entre les paroles et les actes qui amenuisent scrutin après scrutin la confiance des électeurs envers leurs élus. Il ne faut pas s’étonner ensuite d’une abstention à la hauteur de la déception.
Un soutien affiché de la gauche
Mieux, certains élus LFI semblent soutenir leur camarade au lieu de l’inciter à démissionner de son mandat de député.
Sandrine Rousseau – députée EELV :
Sophia Chikirou – députée LFI :
Or, compte tenu de l’importance des missions d’un député, et de la densité du travail parlementaire, la mise en retrait n’est pas une solution acceptable pour les milliers d’électeurs qui se sentent aujourd’hui trahis par Andy Kerbrat.
Une utilisation de ses frais de mandat pour payer sa drogue
L’apothéose étant de découvrir que le député insoumis, brillant donneur de leçons, a semble-t-il utilisé ses frais de mandat pour subvenir à sa consommation de 3MMC.
La justice est saisie.
Tout cela ne semble pas déranger le député insoumis qui évoque davantage la forme que le fond du sujet :
Rappelons que l’indépendance de la presse n’a pas à être remise en cause par des personnalités politiques quelque soit leur appartenance.
De Rugy devait démissionner pour 2 homards
Après la démission de François de Rugy pour 2 homards, la gauche s’était satisfaite de son départ du gouvernement :
Olivier Faure – Premier Secrétaire National du Parti Socialiste
Jean-Luc Mélenchon – Leader de la France Insoumise
Où sont ces moralistes aujourd’hui ?
Un détournement de fonds publics qui semble caractérisé
Le véritable sujet réside dans le fait que l’utilisation de l’enveloppe parlementaire par le député Kerbrat à des fins d’acheter de la drogue, contrevient au bon usage des deniers publics et sont sans lien avec le mandat de député.
À l’instar de l’ancienne députée, Anne-Christine Lang condamnée pour détournement de fonds publics, Andy Kerbrat devra vraisemblablement faire face à la justice pour les mêmes faits.
Dans le cas de Madame Lang, il s’agissait de consultations médicales, d’achat de jouets et de vêtements pour enfants, de paiements de cotisations ou encore des chèques en faveur de personnes ou bien de sociétés.
Dans la situation de Monsieur Kerbrat, il ne s’agit pas de 2 ou 3 homards servis à des invités, ou de consultations médicales chez le pédiatre pour ses enfants, mais d’acquérir 25K€ de drogue avec de l’argent public semblerait-il.
La culture de l’excuse
Pour la France Insoumise, dès qu’un individu est issu des minorités, tout doit lui être excusé.
Récemment, le député Eric Coquerel a même estimé qu’un fiché S est plus respectable que le Ministre de l’intérieur.
Une inversion de valeurs où le mal devient le bien et inversement.
Il n’est guère étonnant que dans de pareilles conditions certains individus décident de s’affranchir de la Loi et des règles Républicaines.
Outre une condamnation à rembourser l’enveloppe parlementaire utilisée frauduleusement, Andy Kerbrat risque 10 ans d’emprisonnement et d’une amende d’1 million d’euros.
En cas de démission, l’ancienne députée de la circo, Valérie Oppelt, sera certainement en lice pour lui succéder.